Un mot de trop en visite médicale peut compliquer une situation déjà sensible. La médecine du travail protège votre santé, mais vos propos influencent les recommandations et leur mise en œuvre. Connaître ce qu’il vaut mieux éviter de dire permet de préserver vos droits, d’obtenir des aménagements adaptés et d’éviter des malentendus. Voici des repères concrets pour bien préparer votre prochain échange.
💡 À retenir
- 75% des salariés ne connaissent pas leurs droits en matière de médecine du travail
- Les médecins du travail sont tenus à une stricte confidentialité
- Des études montrent que la communication ouverte améliore la santé des travailleurs
Comprendre la médecine du travail
La médecine du travail est le service de prévention et de santé au travail chargé de suivre l’adéquation entre votre état de santé et votre poste. Elle agit avant tout pour prévenir les risques professionnels, proposer des aménagements et favoriser le maintien en emploi. Les visites s’inscrivent dans la durée et couvrent la prise de poste, le suivi périodique, la pré-reprise et la reprise.
Le cadre est sécurisé par le secret médical. Votre employeur ne reçoit jamais vos données médicales, seulement des préconisations sur le poste. Beaucoup de malentendus viennent d’un manque d’information : près de 75 % des salariés ignorent leurs droits, ce qui conduit à taire des problèmes ou à formuler des demandes inadaptées.
Qu’est-ce que la médecine du travail ?
Un service de prévention et de santé au travail (SPST) regroupe médecins du travail, infirmiers, ergonomes et psychologues du travail. Leur mission est de prévenir l’altération de la santé liée au travail, d’identifier les risques (gestes répétitifs, horaires, exposition, charge mentale) et de recommander des mesures concrètes : adaptation de poste, équipements, formation, organisation du temps.
Les principaux rendez-vous sont la visite d’information et de prévention à l’embauche, les visites périodiques, la visite de pré-reprise pendant un arrêt et la reprise après une absence longue. À chaque étape, l’échange est confidentiel et centré sur des faits observables au travail.
Les pièges à éviter en médecine du travail

Dire « tout va bien » alors que la douleur s’installe prive le médecin d’informations clés pour vous aider. À l’inverse, des formules catégoriques ou émotionnelles peuvent être interprétées comme une impossibilité à tenir le poste, et orienter à tort vers des mesures radicales. L’objectif est de décrire précisément des faits, des tâches et des symptômes, sans amplifier ni minimiser.
Pour vous aider à visualiser les techniques, voici une vidéo explicative :
La médecine du travail n’est pas un tribunal ni un relais hiérarchique. Elle ne « sanctionne » pas, elle évalue les liens entre le travail et la santé. Vos mots guident ses recommandations, c’est pourquoi il vaut mieux rester concret : tâches, contraintes, horaires, gestes, douleurs, rythme, incidents.
Ce qu’il ne faut pas dire au médecin du travail
Ces formulations créent souvent des malentendus. Remplacez-les par des descriptions factuelles et des options d’aménagement.
- « Je n’ai aucun problème » alors que vous avez des douleurs récurrentes. Préférez : « Douleur épaule droite, niveau 6/10, après 20 minutes de manutention ».
- « Déclarez-moi inapte » pour “sortir” d’une situation. L’inaptitude est une décision médicale encadrée, prise après étude de poste et échanges avec l’employeur.
- « Donnez-moi un arrêt de travail ». L’arrêt de travail relève le plus souvent de votre médecin traitant. En visite, demandez plutôt un aménagement temporaire ou une pré-reprise.
- « Tout est la faute de mon chef » sans faits. Remplacez par des éléments vérifiables : délais, charge, horaires, consignes contradictoires.
- « Je ne veux plus travailler » dit sous le coup de la fatigue. Expliquez plutôt ce qui n’est plus tenable et ce qui aiderait : pauses, binôme, outillage.
Les conséquences de malentendus
Des propos flous peuvent entraîner des mesures disproportionnées ou tardives : bascule vers une procédure d’inaptitude alors qu’un simple aménagement suffisait, absence de suivi renforcé, maintien sur un poste aggravant une pathologie. À l’inverse, une description précise accélère l’installation d’équipements, l’ajustement des horaires ou une formation. Les études montrent qu’une communication ouverte améliore la santé et le maintien dans l’emploi.
Comment bien communiquer avec son médecin du travail
Préparez la visite comme un entretien professionnel centré sur des faits. Listez ce qui déclenche vos symptômes, ce qui les réduit et ce que vous proposez pour tenir le poste. Apportez si possible des éléments concrets : comptes rendus de soins, fiches de poste, photos du poste, attestations de formations, exemples d’horaires.
- Décrivez la tâche précise et la fréquence : « 120 colis/jour, 8 à 12 kg, plan de travail à 85 cm ».
- Positionnez les symptômes dans le temps : début, durée, intensité, évolution.
- Formulez 1 à 2 options d’aménagement réalistes : rehausse du plan, alternance de tâches, pause micro-étirnement.
- Posez des questions : « Quelles mesures temporaires avant la reprise ? », « Quelles preuves fournir à l’employeur ? »
Droits et obligations des salariés
Vous pouvez demander une visite de la médecine du travail à tout moment, y compris sans informer votre hiérarchie. La prise de rendez-vous peut se faire directement auprès du service de prévention. Le contenu de l’échange reste soumis au secret médical, et l’employeur ne reçoit que des préconisations sur le poste, pas votre diagnostic ni vos traitements.
Consulter sans prévenir son employeur est parfois nécessaire pour parler librement de votre situation. Cette vidéo explique comment procéder et dans quel cadre se déroulent ces démarches.